De retour vers Divergence et sur ce blog après un certain temps d'absence, même si le développement a continué à travers des tests du kit de démo en convention (aux Utopiales, au RJDRA par exemple). Nous venons donc d'entamer une campagne pour tester réellement ce mode de jeu, avant de terminer le bouquin qui compte déjà 230 pages environ. En fait deux campagnes, une à Paris, et une à Nantes orchestrée par le grand Globo, premier fan du jeu et soutien inamovible qui me pousse à avancer sur le projet, parfois même en public sur notre podcast : les Voix d'Altaride.
Vendredi 19 mai, aux environs de 20h nous entamons donc la création de partie, en nous concentrant d'abord sur l'univers de jeu puis sur les premiers personnages. La campagne parisienne est destinée à un groupe d'environ 8 personnes qui ne sont pas toutes disponibles en même temps, en visant large j'espère d'une part créer une dynamique intéressante (comme sur les récentes campagnes d'Itras By ou d'Exil) et pouvoir organiser environ une partie par semaine dans les deux prochains mois. J'imagine une campagne d'une quinzaine de séance tout compris, avec si possible au moins 5-6 par participants. J'ai deux objectifs pour cette campagne : d'abord emmener cette joyeuse bande à piétiner mes plates-bandes pendant quelque temps, et faire une campagne intéressante. Ensuite vérifier que l'objectif que je m'étais fixé en créant les règles du jeu est bien atteint. Le jeu fonctionne en partie isolée, chaque partie a été un plaisir à organiser, mais qu'est-ce que les dynamiques et les incitations codées dans le système permettent réellement d'obtenir ? Qu'est-ce qui va émerger du jeu ? La différence entre l'objectif initial et le résultat final est parfois très importante...
Toujours est-il que nous y voilà, la planète est créée, nous connaissons un peu mieux les colons et leurs sénateurs, nous avons identifié quelques unes des menaces que la planète propose. A partir de là il ne reste qu'à jouer. Voici donc un résumé de ce qui a été déterminé autant pour les joueurs que pour ceux que ça intéressera.
Ils ont détruit notre monde. Nous avons tenté de lutter, d'abord pacifiquement. Nous avons tenté de leur faire comprendre qu'ils ne pouvaient pas jouer avec leur écosystème comme s'il n'était qu'une ressource supplémentaire pour satisfaire leur avidité. Mais quand les grandes famines se sont déclarées et qu'ils ont regardé tant des nôtres mourir depuis leurs tours de verre et d'acier, nous avons pris les armes. Nous avons lutté et nous avons perdu. Nous étions pourtant des milliers mais ils avaient l'argent, le pouvoir et la technologie. Combien d'entre nous ont fini dans leurs prisons secrètes, servant de cobayes à leurs expériences de rééducation ? Nous ne le saurons jamais.
Nous avons lutté, nous avons perdu et nous étions prêts à disparaître dans les flammes d'un dernier soir de lutte quand elle nous a présenté son plan.
Autrefois elle avait été des leurs, elle vivait comme eux, avec eux. Je ne sais pas ce qui lui a fait entendre raison, ce qui lui a fait comprendre les souffrances de notre mère moribonde. Nous l'appelons l'Architecte et elle est notre guide dans ce périple si long à travers le vide.
Son plan paraissait fou, utiliser les technologies de contrôle mental, celles-là mêmes que nous avions contribué à développer bien contre notre gré, pour nous aider à repartir de zéro sur une planète vierge. Nous allions envoyer des copies de nous-même vers une planète verte tellement loin de la nôtre que nous n'y parviendrions qu'après une génération de voyage. Au départ nous étions peu nombreux, quelques volontaires pour nous soumettre au processus et créer une copie de notre esprit embarquée dans un androïde spécialisé. Être volontaire c'était accepter de se soumettre aux méthodes honnies des mégacorporations, c'était s'engager à passer une bonne partie de notre existence à vivre deux vies : le jour à bord de l'arche voyageant entre les étoiles, la nuit sur la planète à travers ces drones lointains dont nous recevions les souvenirs.
Quand nous fûmes assez nombreux, l'Architecte leva le secret sur le projet, et nous l'aidâmes à recruter des colons parmi les nôtres, parmi les laissés pour compte de la société terrienne. Toute sa fortune avait été engloutie par la construction de l'Arche, du Cargo et des drones, et au dela de la sienne, toutes nos propres ressources y passèrent aussi. Bientôt, nous fûmes à bord de l'Arche, et loin de la Terre.
Tout s'est passé très vite, je suppose que les autorités terriennes étaient ravies de voir des extrémistes s'embarquer pour un voyage sans retour. Certains parmi nous et certains spécialistes recrutés hors de notre cercle devinrent les Nautes, le personnel toujours éveillé de l'Arche, la conduisant à bon port et prenant soin de sa Cargaison.
D'autre, dont je suis, prirent part à l'assemblée coloniale, travaillant sans relâche grâce à nos drones à l'établissement d'un environnement viable pour les nôtres. Nous ne sommes pas tous des politiciens, mais le mode de fonctionnement de la colonie nous impose de le devenir, chaque décision devant être validée par l'assemblée.
Mais la plupart dorment dans les banques cryogéniques de l'Arche. Ils rêvent de la planète et apprennent à connaître notre destination. Ils ne s'éveilleront que lorsque nous seront arrivés.
C'est une étonnante planète que l'Architecte a choisi. Celle dont nous partons était autrefois bleue, celle-ci est verte, une infinité de nuances de vert. Partout où se porte le regard, la forêt s'étend. Et nous en sommes rendu compte en arrivant, elle s'étend activement. Ici les arbres et les plantes semblent obéir à une volonté collective pour recouvrir l'ensemble de la planète. Racines, lianes, branches et troncs croissent toujours vers nos campements comme pour recouvrir toute trace de notre arrivée. Et au coeur de la forêt, une autre vie s'agite.
Ce n'est qu'une fois installés que nous les avons repérés, tant ils vivent en symbiose avec la forêt. Nous les avons appelés Thermites, leurs constructions et leur esprit de ruche nous rappelant les insectes terriens exterminés il y a si longtemps. Les thermites sont intelligents mais leur technologie semble très primitive, la forêt leur offre tout ce dont ils ont besoin. Ils semblent capables de contrôler le "Green Stuff", un substrat végétal extraordinaire capable de se transformer en suivant la volonté de qui le cultive. Ils arrivent à se coordonner à distance, alors que nous n'avons jusque là pas pu identifier de structure proche d'un langage dans les sons qu'ils émettent ou les postures qu'ils adoptent. C'est leur monde et ils le respectent, mais nous ne pouvons pas faire demi-tour. Nous devons établir notre colonie sur cette planète et à moins de sacrifier des milliers de vies, nous ne pouvons pas en chercher une autre.
les humains ont assassiné leur mère et celle qui devait nous accueillir a déjà des enfants. Nous devons nous entendre, ou prendre leur place, sinon c'est notre peuple qui disparaîtra.